mardi 13 décembre 2011

Blacksad, L'Enfer, le silence

Alors que les albums précédents avaient laissé un goût amer aux amateurs du tome 1, malgré le dessin parfaitement maîtrisé, le quatrième tome de Blacksad, intitulé sobrement L’Enfer, le silence, nous plonge avec délice dans les affres jazzy de la Nouvelles-Orléans. Le choix est fait : la cité anonyme et rêvée, créée par le fantasme de l’urbain et du roman noir, est remplacée par une autre, bien réelle, la Nouvelle-Orléans. Cependant, les auteurs n’ont pas choisi le berceau du jazz par hasard : la ville est un lieu de fantômes, d’influences multiples, de premiers maîtres du jazz aux labels prestigieux, des spectres français du bayou aux fantasmes colorés du carnaval.
            Blacksad semble brinquebalé aux quatre coins de la ville, ville-fleuve suscitant les rêves américains du Mississipi, ville-carnaval faite de musiques, de joies, de bruits et d’exagération, ville-jazz enfin, composée par les basses, les influences cosmopolites et les volutes alcoolisées des cigares. Le détective félin est une fois de plus plongé dans une enquête ardue : retrouver la trace de Sébastian Fletcher, un pianiste de jazz surdoué mais héroïnomane, disparu en laissant derrière lui sa femme enceinte. Le scénario nous plonge dans les méandres d’une intrigue majoritairement composée par les multiples flashbacks, dont la chronologie complexe laisse des zones d’ombre à l’enquête.
          L'abandon de l'usage d'une couleur dominante pour l'album est un point d'importance : la Nouvelle Orléans offre au contraire à la palette de Guarnido l'occasion d'un débordement multicolore (et pas seulement pour représenter l'exubérance de la fameuse parade du Mardi gras) sans précédent dans la série. Les visions sous héroïnes de Sébastian font poindre un univers visuel nouveau, loin de la monochromie caractéristique des autres tomes (noir pour le premier tome, blanc pour le deuxième et rouge pour le troisième).
             Ce quatrième tome vibre donc, aux rythmes du jazz, comme un véritable hommage à la ville-fantasme néo-orléanaise, ville-carrefour où se croisent des personnages étranges au détour du Mardi-Gras : un docker arborant des sirènes tatouées, une guérisseuse vaudou, un génie du jazz en perdition.  Tout finit par se perdre dans la ville dont « la musique et l’âme imprègnent chaque recoin de cette histoire".

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